Cela fait maintenant 15 ans que nous avons plongé pour la première fois dans les profondeurs de l’océan Atlantique et que nous avons été séduits par BioShock et sa ville sous-marine de Rapture, l’un des plus environnements urbains les plus marquants tous jeux confondus. Si le terme « unique » est quelque peu galvaudé de nos jours, le caractère claustrophobe et envoutant de Bioshock le mérite bien. Rapture est tellement spéciale, puissante et mémorable qu’elle mérite ce que les industries du paysage et de l’environnement appellent un genius loci, ou dans notre langue vivante, un véritable esprit du lieu.
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Décadence : Bioshock, opulence et décrépitude
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Parkour : Mirror’s Edge, la rébellion en courant
Vous êtes au-dessus de la ville, sautant de toit en toit, libre, seul, à aller où bon vous semble. La cacophonie urbaine est réduite à un tranquille bourdonnement parmi les hauteurs aériennes abandonnées du gratte-ciel. Une telle liberté est hélas devenue un fantasme pour bon nombre d’urbains, bloqués au feu rouge en se demandant où est passée le mode de vie fluide et rapide vanté par la publicité de leur voiture, filant à travers la ville sur une route vide sans aucun obstacle. C’est ce désir de liberté que « Mirror’s Edge » exploite de manière si viscérale. Le principe est simple : vous incarnez Faith, une coureuse qui doit faire passer des messages sur les toits d’une ville dystopique au contrôle omniprésent. La ville en-dessous étant trop surveillée pour toute activité décrétée illégale, les toits sont donc devenus la dernière frontière pour les hors-la-loi et tout mouvement non-autorisé. La base même du gameplay de Mirror’s Edge est issue du Parkour, l’art de surmonter n’importe quel obstacle dans le paysage urbain, mais le jeu conçu par le studio DICE fait également appel au désir de s’affranchir de notre routine quotidienne et de ses liens intimement cousus avec l’environnement bâti.
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Hollywood : L.A. Noire, film interactif ?
L.A. Noire n’est pas un jeu vidéo ; ou plus exactement, L.A. Noire est un jeu vidéo contenu dans un vaste projet architectural, historique et cinématographique, une réalisation passionnante qui préfigure la relation complexe à venir entre architecture, jeux vidéo et cinéma. Les développeurs Australiens de Team Bondi ont dans le seul jeu de l’existence de leur studio soigneusement recréé un Los Angeles des années 1940 dans lequel le protagoniste principal du jeu l’officier Cole Phelps navigue pour traduire les criminels en justice. Vous allez devoir dans le rôle de l’agent de police recueillir différentes preuves sur les scènes de crime, interroger des témoins et poursuivre des suspects ; en soi, un L.A. Confidential ou Chinatown interactif qui vous met dans la peau d’un flic pataugeant dans les bas-fonds corrompus de la métropole naissante d’après-guerre.